Tout d'abord je précise que l'article parlant "d'héroïnes" est bien destiné à moi, Arthur Martin, malgré le fait que je sois un garçon, contrairement à ce que semble penser mon indécrottable femmais! Mais ceci dit, quel plaisir de la voir à nouveau prendre part à ce blog!
En réaction à son article traitant de ma personne et à celui célébrant la prose de Jean D'ormesson (que j'ai vu chez Mollat vendredi dernier, quelle coïncidence!) , je me contenterai de répondre par un extrait du "LACRIMOSA" de mon Jean à moi: RÉGIS JAUFFRET. L'un des livres de la récente rentrée littéraire mais bien l'élu de mon coeur pour un bout de temps...
"Mon pauvre amour,
on dirait vraiment que je me suis suicidée pour ton plaisir d'en faire toute un histoire, une histoire sordide comme tu les aimes tant. Je me suis pendue à ta place, car tu es trop douillet, trop couard, et tu aurais eu trop peur de te rompre le cou.La mort aurait pu gâcher ta joie de raconter ton supplice. Tu veux bien être martyr, à condition de pouvoir t'en vanter.
-petit pêcheur Marseillais!
Tu tiens la mort au bout de ta ligne, et tu la jettes dans un livre comme un poisson au fond d'une épuisette. Tu t'épuises à force de la brandir à travers les rues du Vieux-port pour que le dernier des minots sache que tu as eu le courage de l'approcher, de te frotter à elle, comme un gamin se vante à la récréation d'avoir chatouillé la motte d'une copine. Qu'on en finisse, ne me fais pas durer plus longtemps. Enterre moi. Que je repose.
Quant à toi.
-va donc te coucher!
Et demain, regarde passer le temps, ne vis plus en rêvant de laisser à chaque instant derrière toi une traînée de mots poisseuse comme bave d'escargot. Prends donc de la vervaine, au lieu de ce thé, écoute le silence, essaie de l'imiter.
-Tu peux même m'oublier.
Il n'est pas bon de se souvenir des morts.Il fallait s'en souvenir avant. Eux aussi n'avaient qu'à se souvenir de vous quand ils avaient une mémoire. N'oublie pas qu'en passant de vie à trépas, ils vous ont oublié à jamais . C'est eux qui ont commencé, volontairement, par faiblesse, imprudence, vieillesse ou laisser-aller. Ils ne sont pas admirables d'avoir vécu, et ils sont méprisables de n'être plus. Les absents sont inexcusables . Réjouis toi avec ceux qui restent. On n'a jamais aimé qu'avec un coeur qui bat, un sexe au garde-à-vous, ou presque palpitant à force d'être vivant, à force d'être le contraire de ce que nous sommes dans nos tombeaux, dans nos urnes, dans les jardins où on a disséminé nos cendres.
Je cachette cette lettre à tout hasard, pour avoir la conscience tranquille. Mais on murmure que les anges sont en vacances, et de postiers nous n'en avons pas d'autres. Ce sont des sortes de pigeons voyageurs, ils se laissent tomber dans vos cheminées comme des pères Noël. Et ceux qui comme toi vivent dans des logis sans âtre, ne peuvent de toute façon espérer recevoir le moindre courrier venu de nos contrées. Si un jour tu prétendais avoir en ta possession la moindre dépêche de moi oblitérée dans l'au-delà, ce sera vantardise, mensonge, forfaiture!
Allez,je t'embrasse, mon amour. Puisque, au fond, tu t'aimes bien assez pour t'embrasser toi-même."
lundi 1 décembre 2008
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